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Il est indubitable que même s’il n’y avait eu qu’un seul juif tué, cela aurait déjà été un juif de trop, et l’on peut aller plus loin en affirmant que même les mesures prises par le III Reich à l’encontre des juifs qui n’ont pas entrainées la mort étaient déjà inacceptables. Toutefois, cette objection ne constitue pas un argument valable dans le cadre d’une enquête statistique visant à déterminer si, oui ou non, un génocide des juifs a bel et bien eu lieu, et cela pour trois raisons.

Premièrement, cette objection n’est pas satisfaisante car c’est précisément ce nombre de victimes qui a été considéré comme sacro-saint depuis des décennies. Si le nombre de victimes n’avait aucune importance, il n’aurait pas été nécessaire de le protéger au point d’en faire un tabou social et même un objet du droit pénal. À l’évidence, le nombre de six millions est bien plus qu’une simple statistique évoquant le triste sort de milliers d’individus : ce qui est en jeu, c’est un symbole qu’il faut défendre bec et ongle, car des doutes avérés au sujet du nombre nourrirait alors le scepticisme sur d’autres aspect de l’Holocauste. Sans nier d’aucune façon la tragédie qui frappa le destin de milliers d’individus, la science doit néanmoins rappeler que les nombres seront toujours sujet à discussion. Il est complètement irrationnel que, d’une part, ceux qui doutent du nombre des six millions soient mis au ban de la société et même poursuivis en justice, alors que, d’autre part, la société et le système judiciaire, déclarant ce nombre dénué de pertinence, rejettent les arguments qui le remettent en question et insistent sur le respect dû aux victimes. Ce nombre de six millions est-il une norme qui mérite une protection légale, ou est-il dénué de pertinence ? Il ne peut être l’un et l’autre à la fois.

Deuxièmement, quoiqu’il soit moralement correct d’affirmer que même s’il n’y avait eu qu’une seule victime, c’eut déjà été une victime de trop, cela ne doit être un prétexte pour interdire la recherche scientifique, pour la bonne et simple raison que la science doit toujours chercher des réponses exactes et précises. Que penserait-on d’un fonctionnaire qui demanderait à un ingénieur de ne pas évaluer les risques liés à un projet de construction, au motif que même un faible risque serait intolérable ? Un ingénieur soumis à un cahier des charges aussi absurde obtiendrait bientôt des résultats erronés et constituerait une menace pour n’importe quelle entreprise qui l’embaucherait. Il en va de même des historiens. Si l’on interdit à un historien de conduire des recherches approfondies au motif que de telles recherches sont moralement inacceptables, alors nous devons en conclure que les résultats de cette historiographie biaisée ne sont pas crédibles. Et puisque notre connaissance de l’histoire contemporaine exerce une influence directe sur la politique, notre politique n’est ni correcte ni fiable.
Toutes les domaines de la recherches ont la fonction et la responsabilité de fournir des résultats précis et nombres nombres exacts. Ce principe qui s’appliquent à l’ingénierie, à la physique, à la chimie, ne peut être soudainement abandonnée en Histoire pour des raisons politiques.

Troisièmement, le principe moralement correct qui veut que même s’il n’y avait eu qu’une seule victime, c’eut déjà été une victime de trop, ne peut constituer une barrière aux investigations scientifiques sur l’Holocauste, qui est communément considéré comme un crime d’autant plus répréhensible moralement qu’il est sans équivalent dans toute l’histoire de l’humanité. Un crime supposément unique doit être accessible à la procédure ordinaire qui s’applique à tous les autres crimes, c’est-à-dire à une enquête minutieuse et détaillée.

Plus encore, toute personne qui présuppose qu’un crime est unique doit être prête à une enquête extraordinairement minutieuse avant que la singularité dudit crime ne soit reconnu. Si un groupement ou un individu entrave une enquête conduite sur un crime prétendument unique au motif qu’elle constitue un outrage à la morale, alors ce groupement ou cet individu est lui-même coupable d’un crime tout aussi unique : celui d’interdire d’abord aux accusés de se défendre contre des allégations absurdes, et celui d’interdire ensuite la critique de pareilles méthodes tyranniques au prétexte que la culpabilité des accusés étaient exceptionnelles. Tel fut précisément le sort de l’Allemagne d’après-guerre : les Allemands furent d’abord brutalisés, puis diffamés sans qu’ils leur soient laissés la possibilité de se défendre. Le traitement que réservèrent les Alliés vainqueurs aux Allemands vaincus fut véritablement unique dans toute l’histoire moderne, puisqu’en toutes autres occasion, les Alliés donnèrent même aux plus tristement célèbres tueurs en série la possibilité de se défendre devant un tribunal.