• Que dites-vous du massacre de Babi Yar?
  • Et tous ces rapports allemands qui dénombrent les victimes juives des Einstazgruppen?
  • N’ignorez-vous pas que l’Aktion 1005 a effacé les preuves du génocide?
  • Et de toutes façons, Hitler et Himmler n’avaient-il pas annoncé eux-même l’extermination des juifs dans leurs discours?

La réponse en vidéo

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Texte de la réponse

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Que dites-vous du massacre de Babi Yar?  (1/2)

Vous m’objecterez sans doute, Madame : « Mais que faites-vous des Einsatzgruppen qui, depuis l’automne 1941, à l’Est, massacraient les juifs ? Que faites-vous des 33 000 juifs fusillés en deux jours au ravin de Babi Yar, près le Kiev, les 29 et 30 septembre 1941 ? Que faites-vous de ces bilans effroyables, comme ceux du rapport Jäger, avancés par les nazis eux-mêmes ? Que faites-vous d’Himmler qui, le 6 octobre 1943, lança à propos des juifs : “La difficile décision a été prise, de faire disparaître ce peuple de la Terre1” ? » 

J’admets sans peine que ces documents attestent la réalité, à l’Est, de massacres locaux, d’étendue plus ou moins grande ; mais prouvent-ils qu’en haut lieu, une extermination systématique de tout un peuple aurait été décidée puis planifiée à l’échelle du continent ? Pour répondre, je commencerai avec le cas de Babi Yar. 

Le rapport de l’Einsatzgruppen C du 2 octobre avance que 33 771 juifs auraient été exécutés les 29 et 30 septembre 19412

Plus de 33 000 en deux jours : est-ce crédible ? Je rappelle qu’à Katyn, malgré une préparation minutieuse, les Soviétiques tuèrent seulement 2503 personnes par nuit. La première nuit, ils en avaient massacré 390, mais face à la difficulté rencontrée, les charrettes furent réduites à 250. En deux jours et deux nuits, cela fait 1 000 personnes : nous sommes loin, très loin, des 33 000, alors que le mode opératoire des deux massacres est le même : il s’agit de gens qu’on fusille au bord d’une fosse. Face à un tel bilan, les doutes sont donc légitimes. 

Par conséquent, concernant le massacre de Babi Yar, il nous faut répondre à deux question :

  • Dans la pratique, les Allemands ont-il pu tuer plus de 33 000 personnes en deux jours ? 
  • Si oui, l’ont-ils fait ? Sinon, que s’est-il vraiment passé ? 
Un massacre impossible dans la pratique 

33 771 victimes en deux jours, cela représente 700 personnes exécutées chaque heure pendant 48 heures, soit une douzaine de personnes chaque minute, en continu. C’est en tout cas l’explication que donne Patrick Desbois qui, dans son ouvrage Porteur de Mémoire, écrit : « Il a fallu deux jours de tirs ininterrompus aux assassins nazis pour fusiller 33 771 juifs4. » Certains répondront que si les victimes sont contraintes de courir jusqu’au lieu de leur exécution, alors une telle cadence est crédible. Admettons ;  mais raisonner ainsi, c’est ignorer bien d’autres éléments.  

La scène de crime
Figure 4.1
John Ball, « Plan schématique de la zone de Babi Yar où se produisit le crime allégué », dessin, III.1993, tiré de Air photo evidence : World War Two photos of alleged mass murder sites analyzed de John C. Ball et Germar Rudolft, (Uckfield : Castle Hill Publishers, 2018), p. 156

Plan établi d’après une photo aérienne prise par la Luftwaffe le 26.IX.1943 (cf. figure 4.2) 

1 : Bord extérieur du tortueux ravin
2 : Fond du ravin en forme de V
3 : Champs non-labourés en 1943
4 : Arbres
5 : Cimetière
6 : Allées droites entre les îlots de tombes
7 : Bâtiments
8 : Endroit du ravin où entre 33 771 et 100 000 corps sont dit avoir été exhumés et incinérés durant les 5 semaines précédentes. À cet endroit, la végétation et le sol ne semblent pas avoir été dérangés, et il n’y a pas de trace d’excavations par un bulldozeur, de mouvements de véhicule, ou de tout autre activité qui aurait remué le sol. Il n’y a aucun indice que des excavations et des crémations auraient été menées. 
9 : Aucune trace de véhicules, d’animaux de trait ou d’homme sortant du ravin
10 : Rue Melnik
11 : Aucune trace de véhicules, d’animaux de trait ou d’homme allant de la rue Melnik au ravin
12 : Route étroite continuant vers l’Ouest dans le prolongement de la rue Melnik

Considérons la scène du crime allégué, dont le plan est reproduit en figure 4.1. Les juifs arrivent par la rue Melnik (10) et sont entassés dans le cimetière (5). Puis, par petits groupes, ils sont contraints d’avancer jusqu’au bord du ravin (8) (au rythme d’un groupe toute les minutes) où ils sont assassinés en continu. Déjà, comment croire qu’ en entendant les mitrailleuses crépitées en permanence, aucune révolte desepérée n’est éclatée parmi ces milliers de condamnés destinés à une mort imminente ? Considérez, par exemple, le rapport de Sonderkommando 10a en date du 2 août 1941, qui retrace l’exécution de 98 personnes fusillées à Kodyma : l’opération fut assurée par 36 hommes, soit environ un exécutant pour trois victimes et, malgré cette garde fournie, une tentative de fuite eut lieu, qui nécessita l’emploi des armes5. Or, à Babi Yar, l’exécution aurait été conduite par un sonderkommando assisté de deux régiments de police, soit seulement 2 000 à 6 000 hommes pour 33 000 victimes. Comment croire qu’aucune tentative de fuite collective n’ait eu lieu ? Bien plus, comment croire qu’à la faveur de la nuit, aucun mouvement de foule ne soit survenu ? 

La durée des exécutions

Dans le film documentaire Apocalypse, la Seconde Guerre mondiale de Isabelle Clarke et Daniel Costelle, un film d’archive montre l’exécution d’hommes par des soldats allemands6. Les victimes sont amenées en camion par groupe de 4 ou 5, pas plus. Une fois tuées, de la terre est versée sur leurs corps. Puis un autre groupe arrive, en camion, car pour éviter toute révolte en nombre, ces hommes n’ont pas été entassés sur le lieu tragique, mais gardés au loin. Toutefois, cela implique que chaque groupe — qui ne compte que 4 ou 5 hommes — sera exécuté en bien plus d’une minute. 

J’ajoute qu’à Babi Yar, les victimes, conscientes de leur destin, n’auraient pas couru vers le ravin : écoutez plutôt Galina Ivaninvna Babikh, témoin du massacre allégué de Babi Yar, interrogée par Patrick Desbois : 

Patrick Desbois — […] à quel moment les juifs se rendaient compte qu’ils allaient être tués ?

Galina Ivaninvna Babikh — Dès leur arrivée… ils ont compris. On entendait des cris, des pleurs7

[…]

Patrick Desbois — Et, quand les gens se mettent au bord du ravin, qui les amène au bord ? C’est un policier? Qui les dispose au bord ?

Galina Ivaninvna Babikh — Quand on est arrivés, un groupe était déjà en place. Ce n’est qu’en suite qu’on a vu que quelqu’un les y menait, les traînait au bord et les plaçait comme les précédents.

Patrick Desbois — Et qui les emmène ?

Galina Ivaninvna Babikh — Les policiers.

Patrick Desbois — Et c’est les policiers eux-mêmes qui les disposent ou c’est les gens qui se mettent au bord ? 

Galina Ivaninvna Babikh — Non, ils les traînaient. Les gens pleuraient, hurlaient. Il n’y allaient pas d’eux-même.

Patrick Desbois — Et après le policier se reculait quand ça tirait ?

Galina Ivaninvna Babikh — Oui, ils se mettaient en recul puis ils tiraient8.

Bref, les assassins auraient traînés leurs victimes jusqu’à l’endroit voulu, puis ils auraient reculé avant de titrer.

Muni de ces éléments, étudions une scène d’exécution à Babi Yar. Elle concerne deux douzaines de victimes environ. Fusiller par groupe de cette importance me semble cohérent. Cela dit, restons dans le concret. Ces victimes ont dû se déshabiller. Gageons qu’à Babi Yar, les victimes intimidées et terrorisées ne se sont pas précipitées pour se déshabiller. Sachant qu’à Kiev, nous étions au début de l’automne russe, que les gens étaient vêtus en conséquence et que parmi les victimes figuraient des vieillards, des affaiblis ainsi que des enfants, il est raisonnable de supposer que le déshabillage complet d’un groupe devait durer cinq minutes. Il fallait ensuite saisir les victimes et les traîner, malgré leur résistance, sur plus de vingt mètres. Cela devait prendre une minute. Abasourdies, choquées, terrorisées elles devaient se redresser. Ceux qui les avaient emmenées pouvaient alors reculer : comptons trente secondes supplémentaires. Puis les mitrailleuses entraient en action. Ajoutons cette trentaine de secondes que montre le film, le tout prenait donc sept minutes. Supposons que pendant la fusillade, les prochaines victimes aient commencé à se déshabiller, alors les exécutions auraient pu se suivre toutes les cinq minutes environ. Cinq minutes, donc, pour fusiller deux douzaines de personnes. Dans ces conditions, en deux jours, les Allemands auraient pu massacrer un peu moins de 15 000 juifs. Voilà sans doute pourquoi le 6 juin 1947, Paul Blobel, ancien membre des Einsatzgruppen, déclara :

Je pense que le nombre de 33 771, que l’on m’a annoncé être le nombre de personnes exécutées à Kiev, est tro élevé. À mon avis, le nombre de personnes abattues ne dépasse pas la moitié du nombre annoncé9.

Habitué aux exécutions collectives, l’homme rejetait tout naturellement cette estimation incroyable. 

Vous m’objecterez, Madame : « 15 000 ou 33 000, quelle différence ? Cela reste une tuerie abominable. » Encore faut-il que les 15 000 victimes alléguées soient réelles. Dispose-t-on d’une preuve matérielle qu’à Babi Yar, des milliers de juifs auraient été fusillés ?

Paul Blobel

photographie, 1947 (United States Holocaust Memorial Museum). 
Des clichés qui ne sont pas la preuve d’un massacre de masse 

« Et le clichés photographiques, qu’en faites-vous ? » En effet, le livre Les fusillades massives des juifs en Ukraine 1941-1944, édité par le Mémorial de la Shoah, reproduit une pellicule de 29 « photographies de Kiev et du site d’extermination de Babi Yar, [prises les] 29-30 septembre 194110 ». Toutefois, au fond du ravin de Babi Yar, elles montrent bien des affaires abandonnées, mais aucun cadavre. Plusieurs photos montrent des prisonniers de guerre russes munis de pelles : les historiens affirment qu’ils égalisaient la couche de terre au-dessus de la fosse commune, mais rien ne vient le démontrer. D’ailleurs, à quoi aurait-il servi d’égaliser la terre ? À cacher le massacre ? Sachant que ces prisonniers travaillaient sous les yeux de la population locale (comme on peut le voir sur lesdistes photographies), cette thèse est absurde… De plus, il est étonnant que le photographe n’ait pas pris au moins une photo de la masse de cadavres avant qu’elle ne soit enterrée. Me dira-t-on que c’était strictement interdit ? Pourtant  les clichés 4 et 5 de la pellicule montrent clairement les cadavres de gens assassinés ou exécutés dans la rue, preuve qu’il était possible de photographier des morts… 

Le cliché aérien qui réfute la thèse officielle 

Allons plus loin : oui, supposons que sous les pieds de ces prisonniers de guerre russes qui égalisaient la couche de terre, reposaient des dizaines de milliers de cadavres. Un tel charnier laisse des traces. Non, me retorquera-t-on, parce que de la mi-août à la mi-septembre 1943, les Allemands contraignirent 327 prisonniers de guerre, dont 100 juifs, à exhumer puis brûler tous les cadavres11. Le 18 février 1946, à Nuremberg, le procureur soviétique produisit la déclaration commune de trois anciens prisonniers de guerre soviétiques qui racontaient : 

Le 18 août, cent d’entre nous furent dirigés sur Babi-Yar. Là, on nous enchaîna et on nous força à exhumer et à brûler les cadavres de citoyens soviétiques supprimés par les Allemands. Les Allemands avaient amené du cimetière des pierres tombales en granit et des grilles de fer. Ces pierres tombales servirent de soubassements entre lesquels nous plaçâmes des rails et sur ces rails, les grilles de fer comme grils. Sur ces grilles de fer, nous mettions une couche de bois, et sur le bois une couche de cadavres, puis de nouveau une couche de bois, et nous arrosions le tout d’essence. Suivant ce procédé, plusieurs couches de cadavres étaient disposées. On y mettait ensuite le feu. Chacun de ces brasiers englobait environ de 2.500 à 3.000 cadavres. Les Allemands avaient désigné des équipes spéciales chargées de prélever sur les cadavres boucles d’oreilles, bagues et dents en or. Sitôt les cadavres incinérés, on préparait de nouveaux brasiers et ainsi de suite. Les os étaient finement broyés à la machine, les cendres dispersées dans les champs, comme cela avait été ordonné, pour qu’aucune trace ne subsistât. Ainsi, nous travaillions de 12 à 15 heures par jour. Pour activer le travail, les Allemands employaient des machines à déterrer les cadavres. Du 18 août jusqu’au jour de notre évasion, le 29 septembre, nous avons brûlé à peu près 70.000 cadavres12.

Passons sur le bilan outrageusement grossi : les propagandistes soviétiques nous y ont habitués. Les Allemands auraient donc tout fait disparaître, jusqu’au moindre indice. L’ennui est que les menteurs avaient mauvaise mémoire. Au mois de novembre 1943, en effet, peu après la reprise de Kiev, les Soviétiques avaient invité des correspondants de presse occidentaux à venir inspecter Babi Yar. L’un d’entre eux, Jerome Davis, correspondant de l’International News Serive, écrivit avoir découvert, dans le ravin, « les restes d’un bras de femme sont une grande partie de la chair était encore présente », « des ongles de doigts humains et un nombre considérable d’échantillons de ce qui semblait être des cheveux humains attachés à de la peau13 ». Eddie Glimore, de l’Associated Press, dit avoir vu « des doigts humains sans mains », « une chaussure à moitié brûlée avec de la chair à l’intérieur » et « plusieurs os 14». Quant aux enquêteurs soviétiques, ils affirmaient avoir retrouvé « des dents en or et d’autres restes humains que, dans leur précipitation, les Allemands avaient négliés15 ». Dès lors, une question se pose : pourquoi les Soviétiques n’agirent-ils pas comme les Allemands à Katyn ? Pourquoi ne convièrent-ils pas une commission internationale chargée d’expertiser les lieux ? Car si, vraiment, la terre avait été retournée pendant un mois afin d’exhumer puis d’incinérer des dizaines de milliers de corps, et si les nettoyeurs avaient laissé derrière eux de nombreuses traces, alors des experts auraient assez facilement pu prouver la réalité de cette activité et estimer le nombre approximatif de cadavres enterrés là. Pourquoi, donc, les Soviétiques n’imitèrent-ils pas les Allemands ? 

Figure 4.2
« Photo aérienne du ravin de Babi Yar prise par la Luftwaffe (agrandissement) » photographie, 26.IX.1943, (National Archives and Records Administration, College Park, Maryland), United States Holocaust Memorial Museum [USHMM], consulté le 20.V.2020, https://collections.ushmm.org/search/catalog/pa1144604 

Le cliché aérien du ravin de Babi Yar, reproduit en figure 4.2, apporte la réponse. Il a été pris le 26 septembre 1943 par un avion de reconnaissance allemand. À cette date, les nettoyeurs auraient encore travaillé, charriant des cadavres et les incinérant sur des bûchers. Or, l’analyste professionnel John Ball qui a examiné le document, est formel : aucune des traces qu’auraient dû laisser l’activité d’une centaine d’hommes (voire plus) occupés, depuis un mois, à déterrer puis à brûler des milliers de corps, n’est visible sur le cliché. 

Si 33 000 corps (ou même plus si des gens avaient été exécutés après septembre 1941, comme certains le prétendent) avaient été exhumés et brûlés sur d’énormes bûchés, alors les indices de la circulation de véhicules et de piétons apportant du combustible devraient être manifestes dans la zone entre le ravin de Babi Yar et le cimetière juif attenant. Cependant, il n’y a aucune trace d’une telle circulation, que ce soit à l’extrémité de la route étroite qui mène de la rue Melnik au ravin, ou sur l’herbe et le massif de plantes à l’intérieur et sur les bords du cimetière16.

Est-ce à dire que les correspondants de guerre avaient menti ? Pas nécessairement. Toutefois, les quelques restes humains qu’ils avaient découvert étaient sans rapport avec un massacre de masse (nous y reviendrons un peu plus loin). Dès lors, il est facile de comprendre pourquoi les Soviétiques s’abstinrent de faire appel à une commission internationale. 

La conclusion s’impose : le rapport qui parle de 33 771 fusillés ne correspond pas à la réalité. Il est contredit par la logique pratique et par les constats matériels. Mais si les Allemands n’ont pas assassiné ces juifs, alors que s’est-il vraiment passé ? Et comment expliquer l’erreur contenue dans ce rapport ? Pour répondre à ces questions, replaçons l’affaire dans son contexte. 

L’affaire remisse dans son contexte : la prise de la ville de Kiev et ses suites 

Le 19 septembre 1941, les soldats allemands pénétrèrent dans Kiev. Le rapport de Sicherheitspolizei17 et de la Sicherheitsdienst18 en date du 7 octobre décrit les terribles conditions de logement dont souffrait une partie de la population russe : des mères avec leurs enfants vivaient dans des sous-sols, le long de couloirs sans lumière du jour19

Les 20 et 24 septembre, des attentats à la bombe furent perpétrés, qui causèrent non seulement la mort de soldats, dont un général d’artillerie, mais aussi des incendies importants que, faute d’eau, les pompiers et les équipes d’urgence furent impuissantes à les combattre20. Pour éviter la propagation aux quartiers avoisinant, les membres de la Wehrmacht dynamitèrent des immeubles afin d’établir des coupe-feu21. Il en résulta 25 000 sans-abri qui durent dormir dehors22. Pour l’Occupant, la situation était catastrophique : 25 000 personnes, qui avaient tout perdu, qui devaient être nourries, relogées et rhabillées en urgence. Le rapport du 28 septembre explique : 

Il est démontré que des juifs ont participé à ces attentats. On rapporte la présence de 150 000 juifs dans la ville. 1 600 ont été arrêtés. Des mesures ont été prises pour arrêter tous les juifs. L’exécution de 50 000 a été décidée. La Wehrmacht soutient ces mesures et réclame des représailles radicales. Le commandant de la ville souhaite l’exécution publique de 20 juifs. […] La Wehrmacht et les bureaux ont été contactés […] Un premier détachement du HSSPF est arrivé. De plus amples informations suivront23.

Ce premier récit appelle deux remarques : 

  1. Les juifs ne furent pas visés en tant que juifs, mais en tant que membres d’un groupe ethnique lié à des attentats terroristes. Autrement dit, c’est parce que des attentats furent commis que, très peu après l’arrivée des Allemands, les juifs furent visés.
  2. Ce qui surprend, c’est l’écart dans l’ampleur des représailles exigées. Le commandant de la ville réclamait l’exécution de 20 otages. Cela peut sembler magnanime, mais c’était en rapport avec les actes commis. En revanche, réclamer 50 000 têtes apparaît tout à fait disproportionné : c’était du jamais vu dans les annales de l’anti-terrorisme. Surtout qu’à cette époque, les combats de se poursuivaient : à quelques dizaines de kilomètres, des armées soviétiques menacées d’encerclement livraient encore une bataille défensive acharnée et un contre-offensive victorieuse était toujours à craindre24. Un massacre de plusieurs dizaine de milliers de civils ne s’organise pas dans de tels moments. 

Par conséquent, deux hypothèses se présentent : soit le nombre avancé, 50 000, était erroné, soit il ne s’agissait pas de fusiller ces personnes, mais de les expulser de la ville pour les parquer ailleurs et, dans le même temps, libérer des logements… Cela dit, revenons au rapport du 7 octobre.