• Que faites-vous des résultats obtenus par l’expert Markiewicz?
  • Et les démonstrations de Richard Green?
  • Les conditions pour la formations de bleu de Prusse dans les chambres à gaz étaient-elles vraiment réunies?
  • Les quantités de Zyklon B n’étaient-elles pas largement suffisantes pour tuer sans laisser de trace?
  • L’aération des chambres à gaz n’explique-t-elle pas l’absence de trace?

La réponse en vidéo

Texte de la réponse

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Introduction

En tant que chimiste de formation, j’aborde le problème autrement. Si malgré les inexactitudes relevées dans leurs récits, les témoins comme André Rogerie disent vrai, alors la chimie doit permettre de le prouver, car à Auschwitz comme ailleurs, un crime laisse des traces.

Commençons par un constat évident : dans les chambres de désinfection fonctionnant au gaz cyanhydrique, les murs sont couverts de taches bleues (cf. figures 14.1 et 14.2), aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il s’agit de taches de bleu de Prusse, pigment formé par l’acide cyanhydrique, c’est-à-dire par le gaz que les SS utilisaient pour désinfecter les vêtement. Ces marques sont la preuve que des gazages furent organisés dans lesdites chambres de désinfection. 

Figure 14.1
« Mur extérieur nord de la l’aile de désinfection au Zyklon B du bâtiment BW 5b au camp de Birkenau », photographie, (Archives de C. Mattogno) tiré de The Chemistry of Auschwitz de Germar Rudolf (Uckfield : Castle Hill, 2017), p. 180, figure 114. 

Les taches sombres visibles sur le mur sont des taches de bleu de Prusse, causées par l’acide cyanhydrique du gaz Zyklon B.
Figure 14.2
« Partie sud du mur extérieur ouest de la l’aile de désinfection au Zyklon B du bâtiment BW 5a [au camp de Birkenau] », photographie, (Archives de C. Mattogno) tiré de The Chemistry of Auschwitz de Germar Rudolf (Uckfield : Castle Hill, 2017), p. 327, figure 114. 

Les taches sombres visibles sur le mur sont des taches de bleu de Prusse, causées par l’acide cyanhydrique du gaz Zyklon B.

Cependant, à Auschwitz, les SS auraient également utilisé de l’acide cyanhydrique pour exterminer en masse. Or, je me suis rendu par moi-même à l’intérieur de la prétendue grande chambre à gaz du Crématoire II, là où environ 400 000 personnes auraient été assassinées, et je puis vous dire qu’aucune trace bleue n’y est visible (cf. figure 14.3). 

Figure 14.3
Plafond de la prétendu chambre à gaz du  Crématoire II, au camp de Birkenau, photographie, 29.VII.2014, (Archives de V. Reynouard)

Pour justifier cette absence, les auteurs du guide historique d’Auschwitz expliquent que

De telles traces apparaissent partout où le Zyklon B est resté en contact avec les murs d’une salle chauffée à une trentaine de degrés pendant une vingtaine d’heures avant d’être ventilée, c’est-à-dire, par exemple, sur les murs d’une salle d’épouillage […]1

Dans un local de désinfection en effet, les gazages durent longtemps dans une atmosphère chaudes car les insectes à tuer sont résistants. Or, ajoutent les partisans de la thèse officielle, dans les chambres à gaz homicides, ces conditions étaint différentes, car : 

  • ces chambres à gaz construites en sous-sol étaient froides ; 
  • les gazages duraient au maximum vingt minutes et nécessitait peu de Zyklon B car les êtres humains sont sensibles à l’acide cyanhidrique2 ; 
  • la pièce était ventilée rapidement afin de pouvoir en extraire au plus vite les cadavres3

Dès lors, aucune trace bleue n’aurait pu se former, ce qui expliquerait que je n’en ai pas vue. Toutefois, ces justifications sont-elles valides ? Pour répondre à cette question, il convient de répondre tout d’abord à trois questions : 

  1. Quelles sont les conditions requises pour que du bleu de Prusse puisse se former dans des murs et peuvent-elles être réalisées ? 
  2. À supposer que du bleu de Prusse se soit formé, pourrait-on, des années après, en trouver des traces significatives ? 
  3. En cas d’analyse, certains facteurs peuvent-ils fausser les résultats ? 

    Si une réponse affirmative est apportée aux deux premières questions, alors deux autres se poseront : 
  4. Dans les prétendues “chambres à gaz” homicides de Birkenau, les conditions de formation du bleu de Prusse ont-elles été réunies ? 
  5. Les explications alternatives proposées pour expliquer la présence de tâches bleues (ou les taux de cyanures élevés) sont-elle recevables ? Autrement dit, peut-il s’agir de reste de peinture, d’une réaction avec un produit de nettoyage, etc. 

Quelles sont les conditions requises pour que du bleu de Prusse puisse se former dans des murs et peuvent-elles être réalisées ?

Nous savons que des milliers de fumigations ont pu être réalisés sans que ne se forme du bleu de Prusse dans les maçonneries. Dès lors, pourquoi des tâches bleues apparaissent-elles parfois et, surtout, peuvent-elles provenir de l’action de l’acide cyanhydrique ? Pour répondre, étudions sommairement le mécanisme de formation du bleu de Prusse. Il comporte cinq étapes nécessaires : 

  1. L’acide cyanhydrique, ou cyanure d’hydrogène, (H-CN) introduit dans le local doit pénétrer dans la maçonnerie, ce qui implique des murs humides puisque l’acide pénétrera par dissolution dans l’eau. 
  2. Une fois dissout dans l’eau, il doit se décomposer en ions (un ion hydrogène H+, un ion cyanure CN), car c’est l’ion cyanure qui sera susceptible de avec l’ion Fer III (Fe3+) contenu dans la maçonnerie. 
    H-CN ⇄ H+ + CN
  3. Au cas où l’ion cyanure aurait pu se former, il devra ensuite pourvoir réagir l’ion Fer III afin de donner un complexe d’hexacyanoferrate III ([Fe(CN)6). La difficulté vient de ce que les deux ions ne sont pas dans le même milieu : l’ion cyanure est dans l’eau alors que l’ion Fer III se trouve dans le matériau de construction. 
    Fe(OH)3 + 6 CN ⇄ [Fe(CN)6]3– + 3 OH
  4. De plus, une certaine quantité d’ion Fer III doit être transformée en ion Fer II (Fe2+) car le bleu de Prusse contient un mélange des deux. 
    [Fe(CN)6]3– → [Fe(CN)6]4–
  5. Au final, tous ces composants doivent entrer en contact pour former ensemble du bleu de Prusse. En chimie, on parle de précipitation : les réactifs précipitent pour donner le produits final. 

Au premier abord, il est facile de constater qu’une telle réaction chimique ne se produit que deans des circonstances bien spécifique. Est-elle possible ? Autrement dit, peut-on avoir des murs humides, de l’acide cyanhydrique qui s’y décomposer, de l’ion cyanure qui réagit avec l’ion Fer II, de l’ion Fer III qui se transforme en ion Fer II, le précipitant pour donner du bleu de Prusse ?

L’humidité des murs

Un mur peut se gorger d’eau : à basse température et lorsque l’air ambiant contient une forte quantité de vapeur d’eau, comme c’est le cas dans une cave non chauffée par exemple, avec une humidité relative maximale, les murs contiennent environ 10 % d’eau. Ces deux facteurs — basse température et humidité relative forte — sont importants, car à 20 °C avec une humidité relative moindre (60 %), ce taux chute d’un facteur 10. Quoi qu’il en soit, des expériences conduites dans les années 1920 en Allemagne ont démontré qu’un mur froid et humide absorbe dix fois plus l’humidité qu’un mur maintenu pendant des mois à 20 °C4. Sachant que les prétendues “chambres à gaz” homicides étaient des morgues semi-enterrée, conçues pour rester froides, ces résultats sont importants. 

On sait en effet que l’acide cyanhydrique est très soluble dans l’eau5 ; toutes les fiches techniques d’ingénieurs le confirmeront. Un graphique publié par Germar Rudolf (cf. figure 14.4) montre l’évolution de la concentration en acide cyanhydrique dissous dans l’eau suivant la température, lorsque l’air contient 1 % de ce gaz. Bien que cette concentration décroisse rapidement, à 30 °C encore, un calcul montre que près de 2 g d’acide cyanhydrique peuvent se dissoudre dans chaque litre d’eau. Donc, oui, l’acide cyanhydrique peut pénétrer la maçonnerie par dissolution dans l’eau. 

Figure 14.4
« Concentration maximale à saturation de l’acide cyanhydrique dans l’eau en fonction de la température quand la concentration molaire de l’acide cyanhydrique dans l’air est de 1% », graphique, tiré de The Chemistry of Auschwitz de Rudolf, p. 195, graphique 3. 
Décomposition de l’acide cyanhydrique en ions H+ et CN

Cette décomposition en ions nécessite un ion hydroxyde OH. Or, l’ion hydroxyde est caractéristique d’un milieu dit alcalin et il se trouve qu’ne maçonnerie constitue un milieu alcalin. En effet, lorsqu’ils sont frais, les plâtres et les mortiers contenant de la chaux restent alcalins pendant des semaines entières, d’où ces mise en gardes publiées dans les fiches techniques de construction. Certaines fiches techniques indiquent que les ciments et les bétons frais ont un pH supérieur ou égal à 126. Un pH supérieur à 7 révèle un milieu alcalin : à 12, il s’agit d’un milieu très alcalin. On en déduit que les ciments et les bétons frais sont très alcalins, et qu’ils le restent pendant des mois, des années, voire des décennies suivant leur composition et leur histoire7.

Figure 14.5
« Degré de dissociation de l’acide cyanhydrique en fonction du pH à température ambiante », graphique, tiré de Handbook of Chemistry and Physics de Robert C. Weast, éd. (Boca Raton : CRFC Press, 1986), cité dans The Chemistry of Auschwitz de Rudolf, p. 195, graphique 5. 

L’acide cyanhydrique peut donc se dissocier lorsqu’il a pénétré dans une construction nouvelle. Il se dissocie même en grande quntité : un graphique publié par Germar Rudolf (cf. figure 14.5) montre qu’à température ambiante, un pH de 9,3 voit la moité de l’acide cyanhydrique se dissocier. À un pH de 12, le taux de dissociation avoisine les 100 %. Si une hausse de la température ralentit le phénomène, elle ne l’arrête pas : le graphique reproduit en figure 14.6, montre qu’à un pH de 9, la concentration en cyanure dit libre, donc en cyanure dissocié, est encore forte. 

Figure 14.6
« Concentration à l’équilibre de cyanure dans l’eau en fonction de la température et du pH lorsque la concentration molaire de gaz cyanhydrique dans l’air est de 1 % », graphique, tiré de The Chemistry of Auschwitz de Rudolf, p. 199, graphique 6. 

Comparé à un vieux mortier, un mortier alcalin absorbe au moins 26 fois plus d’acide cyanhydrique8. Dans les ciments et les bétons, l’adsorption et la décomposition de l’acide cyanhydrique en ion H+ et CNpeuvent ainsi se poursuivre pendant des mois, voire des années9. Cela nous mène à la conclusion que l’alcalinité des maçonneries récentes favorise la dissociation de l’acide cyanhydrique. 

La réaction entre le cyanure ionique et l’ion Fe III

Cette étape est la plus compliquée, d’une part, parce que, comme nous avons vu, les deux réactifs ne sont pas dans le même milieu (l’ion cyanure est dans l’eau alors que le Fer III se trouve dans le matériau lui même) ; d’autre part, parce qu’un milieu alcalin favorise l’apparition de l’ion cyanure, comme évoqué au paragraphe précédent, tandis que la présence d’ion Fer III augmente en milieu acide, ce qui est contradictoire, puisqu’un milieu ne peut pas être en même temps acide et alcalin. En théorie, donc, cette étape devrait être impossible à franchir, ce qui bloquerait le processus de formation du bleu de Prusse. 

Toutefois, deux cas d’églises endommagées suite à un gazage démontrent que, dans la pratique, la réaction s’opérera, quoi que très lentement, en plusieurs mois, voire plusieurs années. Le plus intéressant — car mieux documenté — est celui de l’église protestante de Wiesenfeld, en Allemagne. Quelques semaines après sa restauration, en août 1976, l’édifice fut l’objet d’un gazage de désinfection à l’acide cyanhydrique dont l’objectif était de le débarrasser des vers du bois susceptible d’endommager les charpentes. Dans les mois qui suivirent, les plâtres refaits se couvrirent de tâches bleues. L’expert envoyé à l’époque conclut que les plâtres frais, donc très humides et très alcalins, avaient absorbé de l’acide cyanhydrique. Une fois dissout, l’acide s’était dissocié, libérant des ions cyanures qui avaient réagi avec les ions Fer naturellement contenus dans la maçonnerie. Le cas fut exposé dans une revue allemande consacrée aux dommages constatés dans des constructions. En conclusion, de l’acide cyanhydrique répandu dans un bâtiment peut, dans certains circonstances, entraîner le formation de Bleu de Prusse.

Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que la quatrième étape va y participer. 

Transformation de l’ion FeIII, présent dans le complexe d’hexacyanoferrate III, en ion Fe II

Cette étape est très rapide, car dans cette configuration et pour des raisons d’enthalpie, l’ion Fer III est un oxydant puissant. Il va donc se transformer rapidement en ion Fer II qui s’accumulera au sein de la maçonnerie. 

6 [Fe(CN)6]3– + 2 CN + 4 OH  → 6 [Fe(CN)6]4– + 2 CO2 + N2

ou

2 [Fe(CN)6]3– + CN + OH + H2O → 6 [Fe(CN)6]4– + 2 CO2 + NH3 

S’il fallait résumer, je dirais ce qui suit : une fois formé, le complexe hexacyanoferrate III ([Fe(CN)6]3–) aurait tendance à se décomposer immédiatement pour revenir à l’état d’oxyde de fer (FE(OH)3). En chimie, c’est ce qu’on appelle un équilibre déplacé vers la gauche. Mais sachant que cet hexacyanoferrate III se transforme rapidement en hexacyanoferrate II ([Fe(CN)6]4–), l’ion Fer III est retiré de l’équilibre sous la forme d’ion Fer II qui peut s’accumuler dans la maçonnerie. Donc oui, la troisième étape, la plus difficile, va pouvoir se réaliser, bien que lentement. 

Plus la maçonnerie vieillit, plus son son alcalinité disparaîtra pour faire place à l’acidité

Ave le temps arrivera le moment, dans ce milieu devenu acide, les produit formés réagiront ensemble pour donner du bleu de Prusse. 

[Fe(CN)6]4– + 4 Fe3 → Fe4[Fe(CN)6]4

La réaction bilan la plus probable semble être celle-ci :

Oxydo-
réduction :
36 HCN + 14 Fe(OH)3 + 6 e  → 2 Fe4[Fe(CN)6]3 + 18 H2O + 6 OH
Oxidation :3 HCN + 6 OH  → 3 CO2 + 3 NH3 + 6 e
Total :39 HCN + 14 Fe(OH)3  → 2 Fe4[Fe(CN)6]3 + 18 H2O + 3 CO2 + 3 NH3

Il s’agit d’une réaction dite d’oxydo-réduction. Ajoutons qu’en cas de mur humide, l’évaporation de l’eau commence à la surface. Cette évaporation permet aux pigments de se fixer dans la maçonnerie et au pH de diminuer. Voilà pourquoi la teneur en bleu de Prusse est bien plus importante en surface qu’à l’intérieur.Parfois même, il suffit de gratter un peu la surface pour découvrir que l’intérieur est bien moins bleu, presque blanc ; mais même là, les concentrations en cyanure restent élevées. Ce processus d’accumulation dépend de nombreux facteurs : les matériaux utilisés, le taux d’humidité, la capillarité, la mobilité de l’eau… 

La teneur en oxyde de fer dans la maçonnerie est également capitale : sachant toutefois qu’elle est toujours comprise entre 1 et 5 %, la différence entre les matériaux est négligeable. Ajoutons que, comparé au mortier de chaux, le ciment favorise la formation de bleu de Prusse, tout simplement parce qu’un niveau microscopique, les cristaux qui composent un ciment sont beaucoup plus petits que ceux d’un mortier. En conséquence, la surface disponible pour que le cyanure dissout dans l’eau réagisse avec les ions fer présents dans le matériau est beaucoup plus grande, ce qui va favoriser la formation de bleu de Prusse. 

Ces développements suggèrent qu’à Auschwitz, l’apparition de tâches bleues suite à des gazages était possible, du moins en certains endroits.