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Que faites-vous des sinistres déclarations de Brack et Goebbels?

Le courrier du 23 juin 1942 de Viktor Brack

Mes contradicteurs me reprocheront de n’avoir pas cité intégralement le document le document NO-205 que j’ai invoqué précédemment. En effet, le 23 juin 1942, après avoir informé qu’il avait mis ses hommes à la disposition d’Odilo Globocnick, Viktor Brack ajouta : 

Parmi les 10 millions de Juifs en Europe, j’estime à 2-3 millions au moins le nombre d’hommes et de femmes aptes au travail. Sachant les difficultés énormes que nous pose le problème de la main-d’œuvre, je pense que ces 2-3 millions devraient être tout spécialement sélectionnés et préservés. Mais cela ne peut être réalisé que si, en même temps, ils sont redus incapables de se multiplier1

Viktor Brack proposait alors à Himmler de mettre à sa disposition du personnel compétent afin de stériliser ces gens avec des rayons X. Sachant que cette lettre parlait de préserver uniquement les deux ou trois millions de Juifs aptes au travail, il fallait en déduire que tous les autres, soit 7 ou 8 millions d’individus, devaient être éliminés. Ce document confirmerait donc l’existence d’un plan général pour exterminer, déjà, les Juifs reconnus inaptes au travail. 

Que ce plan ait existé dans l’esprit de Viktor Brack, peut-être… probablement même. Comme je l’ai déjà expliqué à propos du projet exposé par le Dr Wetzel, en Allemagne, certains cercles estimaient que les Juifs inaptes au travail devaient être éliminés. C’était vrai à l’automne 1941, et cela devait encore l’être au printemps 1942. Toutefois, l’important est de savoir si, dans les faits, ces projets furent réalisés.

Le journal de Goebbels

La même remarque s’applique également à l’article intitulé « L’extermination au jour le jour dans les documents contemporains », publiée par le site PHDN2. Son auteur, Gilles Karmansyn, cite de nombreux propos, oraux ou écrits, tenus principalement par des “nazis”, et parlant de massacres de Juifs. Une telle étude peut paraître très convaincante ; mais elle n’impressionnera guère celui qui connaît l’histoire et qui reste soucieux de la matérialité des faits. Premièrement, parce qu’en matière de citations, il convient d’être prudent et d’avoir une vision d’ensemble. Prenons le cas de Josef Goebbels qui, le 27 mars 1942, évoquant ces déportations massives vers l’Est, il écrivit dans son Journal : 

Les Juifs vont être à présent expulsés vers l’Est à partir du Gouvernement général, en commençant par Lublin. On emploie ici un procédé passablement barbare qu’il convient de ne pas décrire plus avant, et qui, des juifs eux-mêmes, ne laisse plus grand-chose. En gros, on peut bien concevoir que 60 % d’entre eux doivent être liquidés, alors que 40 % seulement pourraient encore être employés pour le travail3

Les historiens en déduisent l’existence de camps d’extermination qui fonctionnaient déjà ou qui allaient bientôt ouvrir leurs portes4. Je note toutefois que le 7 mars 1942, Josef Goebbels avait écrit dans son journal : 

Je lis un mémorandum détaillé du SD et de la police sur la solution finale de la question juive5. Il en ressort une foule de nouveau point de vue. La question juive doit à présent être résolue dans un cadre d’ensemble européen. Il y a encore 11 millions de juifs en Europe. Ils devront ultérieurement être concentrés dans un premier temps à l’Est ; on pourra éventuellement leur attribuer une île après la guerre, comme Madagascar6

Nous en déduisons qu’au début du mois de mars 1942, ce haut dignitaire national-socialiste, très proche d’Hitler et très antijuif, aurait tout ignoré d’une décision d’exterminer les Juifs. C’est déjà très difficile à croire. Mais il y a plus. Le 27 avril 1942, ce même Josef Goebbels écrivit : 

Avec le Führer, je discute une nouvelle fois de la question juive. Son point de vue sur la question est inflexible. Il veut absolument repousser les juifs hors d’Europe. Et c’est bien ainsi. Les juifs ont infligé tant de souffrance à notre contient que la peine la plus dure que l’on pourrait prononcer à leur encontre sera toujours trop clémente. Himmler opère actuellement le grand transfert des juifs depuis les villes allemandes vers les ghettos de l’Est7

Le 21 août 1942 encore, alors que le camp d’extermination de Treblinka aurait fonctionné à plein régime, Josef Goebbels nota : 

Le haut responsable SS m’a fait un rapport sur la situation dans le ghetto de Varsovie. À l’heure actuelle, les Juifs sont en grande partie évacués et établis dans l’Est. C’est assez généreux pour eux. La question juive est désormais abordée correctement, sans sentimentalisme et sans beaucoup de considération. Le problème juif ne peut être résolu que de cette manière8

Dans ses carnets personnels, le ministre de la Propagande parlait donc très régulièrement d’une déportation vers l’Est, pas d’une extermination. Je pourrais encore citer d’autres passages similaires, mais cela deviendrait lassant et je préfère, Madame, vous renvoyer à l’article « Goebbels on the Jews9» de Thomas Dalton : vous y trouverez toutes les renseignements voulus. 

Toujours à propos des carnets de Josef Goebbels, j’ajoute ce qui suit et qui nous ramène à la conférence de Wannsee : Après avoir annoncé que les Juifs aptes au travail seraient déportés vers l’Est et que, probablement, beaucoup mourraient, l’auteur du protocole expliquait :  

Ce qu’il en restera de toute façon à la fin, vu qu’il s’agira sans doute de la partie la plus capable de résistance, devra être traité de façon appropriée, vu que, constituant une sélection naturelle, cette partie sera considérée, à sa remise en liberté, comme la cellule germinative d’un renouveau juif10

Certains historiens voient dans ce passage l’annonce d’une extermination totale des Juifs, y compris des survivants de la déportation à l’Est. Or, le 30 mai 1942, Josef Goebbels écrivit dans ses carnets : 

Le Führer ne souhaite pas du tout que les Juifs soient évacués en Sibérie. Là, sous des conditions de vie les plus sévères, ils se renforceraient à nouveau. Il préférerait les réinstaller en Afrique centrale. Ils y vivraient sous un climat qui ne les rendrait certainement pas forts ni résistants. Quoi qu’il en soit, l’objectif du Führer est de délivrer complètement l’Europe occidentale des Juifs. Leur patrie ne pourrait plus être ici11

Malgré leurs passages sinistres, les carnets de Josef Goebbels confirmeraient que les Juifs devaient non pas être exterminés, mais déportés ailleurs, dans un endroit où ils seraient empêchés d’acquérir de la puissance.