• Les charniers retrouvés à Bergen-Belsen, Buchenwald etc. ne sont-ils pas les preuves d’un génocide?
  • Pourquoi interner les juifs en camps de concentrations si ce n’était pas pour exterminer?
  • Et l’extermination par le travail?
  • Et les mauvais traitements infligée aux prisonniers?
  • Et le témoignage de Simone Veil?

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Peut-être me répondrez-vous qu’en invoquant des faits établis par des « photos », vous songiez à ces clichés terribles pris par les Alliés à la libération des camps1

Que faites-vous des photos des prises dans les camps en 1945

Le contexte des photos prises dans les camps en 1945
1945: des camps à l’image Allemagne

Ces images montrant des tas de cadavres décharnés sont indissociables de l’état dans lequel l’Allemagne se trouvait à la fin de la guerre : un pays bombardé nuit et jour, laminé, disloqué… Conséquence de l’effondrement général, en quelques mois, la situation des déportés devint catastrophique. L’étude des chiffres de la mortalité dans les camps le démontre (cf. figure 2.1).

Figure 2.1
Germar Rudolf, « Nombre de victimes dans les camps par année. Augmentation spectaculaire du nombre de victimes avec la prolongation et la guerre et explosion de ce nombre à la fin du conflit. », diagramme, figure III.160, tiré de Lectures on the Holocaust: Controversial Issues Cross-Examined. (s. l.: Castle Hill, 2017), p. 309.

Après une décrue en 1943 (sur laquelle je reviendrai), la mortalité remonta pour augmenter vertigineusement dans les derniers mois. En effet, dans cette Allemagne meurtrie, écrasée sous les bombes et totalement désorganisée de la fin de la guerre, la place faisait défaut, la nourriture se raréfiait, les installations d’hygiène tombaient en panne et, surtout, les fournitures médicales manquaient cruellement. Dans les camps devenus ingérables, des épidémies de typhus éclatèrent. Totalement dépassés par la situation, les gardiens ne purent qu’entasser les cadavres aux alentours… Ce sont ces spectacles que les alliés découvrirent en 1945. Ils ne démontrent ni un massacre en “chambres à gaz”, ni même une politique de mort à petit feu par travail exténuant, mauvais traitements, absence de soins ; ils prouvent seulement qu’à l’époque, l’Allemagne était un pays en ruines… 

« Nous écrasons leurs villes une par une »

Toutefois, en cette fin de guerre, les Alliés avaient besoin de justifier leur croisade qui s’était achevée par un massacre d’innocents. Dès juin 1942, en effet, le quotidien britannique The Daily Miror avait titré : « Nous écrasons leurs villes une par une2. » Le journal révélait l’inauguration d’une nouvelle ère dans la conduite de la guerre : l’ère des bombardement de terreur : « Ces dernières vingt-quatre heures, La RAF a lancé les deux raids les plus furieux et les plus destructeurs de l’Histoire3. » À la mi-1942, cette stratégie n’en était qu’à son début. Elle s’intensifia en 1943 et dépassa tout ce qu’on aurait pu attendre à partir du deuxième semestre de l’année 1944. En cette fin 1944, aux États-Unis, on célébrait les gigantesques forteresses volantes capables de larguer non pas des centaines de kilos de bombes, mais des tonnes d’engins explosifs et incendiaires4

Cette stratégie atteignit son point culminant en février 1945, lorsque, le 13, la ville de Dresde subit un bombardement massif qui fit des dizaines de milliers de morts, en majorité des réfugiés qui fuyaient l’avance soviétique. Le ministre de l’Air britannique tenta de justifier cette action en arguant que Dresde était une importante ville industrielle et qu’il fallait apporter un soutien à l’Armée rouge. Cependant, les Soviétiques avançaient depuis des semaines sans aide des Anglo-américains5. Quant à invoquer les industries de Dresde, c’était sous-entendre qu’il s’agissait d’un objectif militaire important. Or, malheureusement pour la propagande britannique, deux semaines auparavant, la presse américaine avait recensé les principaux objectifs militaires de l’Allemagne6 : si Dresde figurait bien sur la carte, aucune légende ne l’accompagnait qui aurait indiqué une quelconque industrie militaire d’importance. En effet, en 1945, Dresde n’était pas — ou plus — d’un objectif militaire, mais d’une ville bondée de réfugiés. La bombarder constituait dès lors crime de guerre caractérisé. 

Une stratégie sans rapport avec le Blitz

Certains tenteront de justifier cette opération en disant que les Britanniques vengeaient les bombardements criminels allemands du début de la guerre. Ils invoqueront Londres, Coventry, Folkestone, Brixton… Admettons qu’avec ces bombardements, l’Allemagne ait violé le Droit international. Seulement, une violation du Droit international par un pays ne justifie pas que les autres le violent à leur tour. Le procureur général américain Robert Jackson rappela lors cette vérité du procès de Nuremberg : 

Je crois savoir que c’est un principe bien établi du Droit international que la violation de ce Droit par un pays n’excuse nullement ou ne justifie pas les mêmes violations commises par un autre pays7. 

J’ajoute que d’après le Droit international, les représailles, doivent rester mesurées, c’est-à-dire en rapport avec l’offense subie : 

[…] lorsqu’on a un motif légitime de recourir à des mesures de représailles, on doit toujours tenir compte de la proportion nécessaire entre le mal et le remède […] Il serait contraire à toute moralité humaine et à toute sagesse politique de répondre à des transgressions du droit qui n’auraient pas dépassé certaines limites par des représailles d’un caractère universel et formidable, fût-ce dans les matières où les représailles peuvent être licites8.

Or, dans la très grande majorité des cas, les bilans des bombardements allemands se montaient à quelques centaines de victimes en moyenne, comme le montre le tableau reproduit en figure 2.2, publié par le Ministère de la Sécurité civile britannique. 

Figure 2.2
« Costal Bombing to November, 1941, in round figures », tiré de Front line, 1940-41: the official story of the civil defence of Britain (Londres :His Majesty’s Stationery Office, 1942), p. 132

Côté allié, le Daily Miror annonça clairement dès avril 1942 la couleur9 : il s’agissait, cette fois, de tout détruire, de tout raser, de tout brûler… La suite des événements, d’ailleurs, le démontra : les bombardements alliés étaient sans rapport avec des représailles qui, je le répète, doivent toujours être mesurées, et s’apparentaient bien plus à un châtiment vengeur. Le Droit international condamnait ce genre d’agissement. Les représailles devaient être menées pour forcer l’ennemi « à revenir à l’exécution des lois de la guerre, mais non point comme châtiment, ou plutôt par vengeance10 ».

À la recherche d’une justification

Dans les hautes sphères alliées, tous savaient que la stratégie adoptée était criminelle. Cette réalité apparut avec éclat lorsque les vainqueurs pénétrèrent en Allemagne et virent, sur le terrain, les horribles conséquences des raids aériens. Comment justifier pareils massacres ? Le 4 mars 1945, un éditorialiste américain, Jack Ramey, apporta involontairement la réponse. Après avoir évoqué « les armadas aériennes des alliés cachant le soleil et la lune du ciel allemand et lançaient nuit et jour des bombes par milliers11 », il justifiait la stratégie anglo-américaine ainsi : 

C’est la monnaie de la pièce rendue pour la Pologne et les Pays-Bas et la Grèce et la France ; pour Lidice et les chambres de torture ; pour les exécutions dans les chambres à gaz en Pologne et en Russie, pour l’affamement des Juifs et des Russes par milliers, jusqu’à ce que les survivants ne soient plus que des squelettes ambulants12

Puis il concluait que, face à cela, « les méthodes de guerre alliées sont douces. Elles sont conformes aux lois de la guerre13. » 

Pour justifier leurs crimes, les Alliés devraient donc démontrer que leurs adversaires avaient fait pire qu’eux : il fallait à tout prix des trouver des crimes plus graves du côté de l’Allemagne. Certes, la propagande soviétique avait déjà ouvert la voie, mais mieux valait la confirmer avec ses propres découvertes. D’où ces alliés qui, à l’Ouest, firent tout pour dénicher des « atrocités nazies », et qui y parvinrent exploitant les conséquences de leur propre stratégie ! Dans la anales du cynisme, leur comportement mérite de figurer en bonne place.

La propagande alliée basée sur ces photos

Ayant pris des photos dans les camps libérés, les vainqueurs les présentèrent hors contexte, après les avoir été soigneusement choisies. 

Ohrdruf, le coup d’envoi

Tout commença le 4 avril 1944, lorsque les Armées américaines atteignirent la ville allemande d’Ohrdruf, où elles découvrirent un camp annexe de Buchenwald, établi l’année précédente pour la construction d’un nœud ferroviaire. Peu avant l’arrivée des Américains, le camp avait été évacué en précipitation : les gardiens avaient emmené avec eux les prisonniers valides, tandis que les malades trop affaiblis avaient été laissés sur place. Quelques bien-portants étaient chargés de s’occuper d’eux jusqu’à l’arrivée des Américains. Quant aux morts, leurs corps avaient été regroupés dans une baraque : quelques-uns semblaient avoir été tués par balles (peut-être lors d’une tentative d’évasion), les autres étaient morts de maladie. C’est ce que découvrit l’armée américaine le 5 avril. Immédiatement, les Alliés saisirent l’occasion : donnant le coup d’envoi à leur propagande, c’est tout juste s’ils ne comparèrent pas Ohrdruf à Auschwitz. 

« Ohrdruf, camp nazi de meurtre14 », titra dès le 8 avril le quotidien orégonais Eugene Register-Guard. « Une usine de mort allemande15 », renchérit le Greenville News de Caroline du Sud, le lendemain. « Un travail de brutes sauvages16 », lisait-on dans le Amarillo Globe Times du 11 avril. Quelques jours plus tard, le général Eisenhower visita le camp, ce qui fit la première page de nombreux quotidiens alliés17. Le correspondant de guerre William Newhouse prit le cliché reproduit en figure 2.3, qui allait faire le tour du monde et qui reste aujourd’hui encore très connu.

Figure 2.3
William Newhouse, « Le Général Dwight Eisenhower et d’autres officiers haut gradés de l’armée américaine regardent les corps des de prisonniers tués durant l’évacuation d’Ohrdruf, pendant une visite du camps récemment libéré », photographie, 12.IV.1945 (United States Holocaust Memorial Museum, avec l’aimable autorisation de National Archives and Records Administration, College Park, Maryland). United States Holocaust Memorial Museum, consulté le 13.I.2020. https://collections.ushmm.org/search/catalog/pa29288

Cette photographie fut publiée le 17.IV.1945 dans plusieurs quotidiens américains (notamment le St. Louis Post-Dispatch, The Des Moines Register, The Daily Times, The Morning Herald) toujours accompagnée de la même légende: « Le Général Dwight D. Eisenhower, Commandant Suprême des forces alliées ([…]) regarde fixement les corps de prisonniers russes et polonais morts, au camp de concentration allemand d’Ohrdruf, lors d’une visite qu’il effectue sur le front de la Troisième Armée avec d’autres généraux, le 12 avril. »

Puis vinrent les photos de cadavres entassés dans des baraquements ou dans des fosses, reflet d’une situation tragique provoquée par les Alliés, mais que les Alliés mettaient sur le compte de la « barbarie nazie ». 

Notons que la propagande entrait parfois en contradiction avec ce qu’elle montrait : le 9 avril 1945, Le San Bernardino Sun publia côte-à-côte une photographie de malades retrouvés dans l’infirmerie d’Ohrdruf18 et un article prétendait que, dans leur retraite, les gardiens avaient tués tous les prisonniers trop faibles pour marcher19. Mais qu’importe, la propagande anglo-américaine était lancée, rien n’allait désormais l’arrêter. 

Des photos soigneusement choisies

Le 12 avril, le Tennessean titra : « Les récits d’atrocités allemandes toujours plus nombreux. 5.817.000 de torturés et battus à mort – [ce chiffre] Pourrait atteindre les 8.285.00020 ». On parlait déjà de cinq millions de mort à Auschwitz et Majdanek. Toutefois, tandis que les Soviétiques annonçaient des chiffres délirants, les Anglo-américains continuaient leur propre propagande. Prenons l’exemple de Buchenwald, camp que l’on visite encore aujourd’hui. Vous connaissez certainement la photo reproduite en figure 2.4, qui montre des détenus squelettiques, le regard hagard, allongés dans des lits superposés. Dans son livre Shoah : regards sur notre histoire, Angela Wood la commente ainsi : 

Les conditions de vie étaient aussi malsaines que pénibles. Entassés dans des couchettes collectives, ces prisonniers de Buchenwald avaient du mal à dormir. Les camps étaient aussi très sales. Il n’y avait pas d’eau chaude pour se laver, et parfois pas d’eau du tout21.

Figure 2.4
« D’anciens prisonniers du “petit camp” de Buchenwald le regard hagard, allongés dans les couchettes en bois dans lesquelles ils dorment à trois par “lit” », photographie, 16.IV.1945 (United States Holocaust Memorial Museum, avec l’aimable autorisation de National Archives and Records Administration, College Park, Maryland). United States Holocaust Memorial Museum, consulté le 13.I.2020. https://collections.ushmm.org/search/catalog/pa6164

Si, vraiment, cette explication correspondait à la réalité, alors tous les déportés trouvés en 1945 auraient dû avoir l’aspect de ceux de la figure 2.4. Toutefois, les vainqueurs se gardèrent bien de diffuser le cliché reproduit en figure 2.5, lui aussi pris à Buchenwald, car, malgré la lumière artificielle utilisée afin « de creuser les traits déjà anguleux des déportés22 », le cliché montrait des prisonniers en trop bonne santé. À la place, le vainqueur diffusa le cliché reproduit en figure 2.6, comme s’il avait montré l’état normal du camp. 

Figure 2.5
Margaret Bourke-White, « Survivant de Buchenwald derrière les barbelés », photographie, IV.1945 (Time-Life, Life Photo Collection, New York), tiré de Mémoire des camps. Photographies des camps de concentration et d’extermination nazis (1933-1999) de Clément Chéroux , dir. (Paris : Marval 2001), p. 136
Figure 2.6
Clinton C. Gardner, « Cadavres empilés derrière le crématoire du camp de concentration de Buchenwald », photographie, IV.1945, TimeLife_image_115940907 (United States Holocaust Memorial Museum, avec l’aimable autorisation de Clinton C. Gardner). United States Holocaust Memorial Museum, consulté le 13.I.2020. https://collections.ushmm.org/search/catalog/pa29413

Or, l’étude attentive de l’histoire de Buchenwald laisse apparaître une autre réalité : en moins de deux ans, de 1943 aux premiers mois de 1945, l’effectif doubla, passant de moins de quarante mille à quatre-vingts mille prisonniers23. D’où l’entassement des prisonniers qui provoqua une épidémie de typhus qui finit par faire des ravages. La courbe de la moralité à Buchenwald le confirme : le nombre de mort dans le camps passa de moins de 4000 en 1943 à plus de 8000 en 1944 et atteint les 14000 en 1945. Jusqu’en 1943, le camp ne fut pas un mouroir ; mais il le devint vers la fin de la guerre, c’est-à-dire lorsque l’Allemagne croulait sous les bombardements. 

Généralisation, amplification, déformation

Les vainqueurs utilisèrent la même technique partout. Ces photos reproduites en figures 2.7 et 2.8, montrant des déportés en bonne santé à Bergen-Belsen, furent très peu diffusée. En effet, même lorsque les prisonniers vivaient entassés (cf. figure 2.9), si aucune épidémie de typhus n’éclatait, la vie s’organisait tant bien que mal, y compris pour les enfants (cf. figure 2.10) qui, d’après la thèse officielle, auraient dû avoir été exterminés à Auschwitz ou ailleurs.

Figure 2.7
« Survivantes [à Bergen-Belsen] », photographie, vers avril-mai 1945, cliché 261. BergenBelsen.co.uk, consulté le 15.I.2020. http://www.bergenbelsen.co.uk/pages/Database/SurvivorsPhotos.asp?index=21
Figure 2.8
« Survivants faisant la queue pour recevoir à manger [à Bergen-Belsen] », photographie, vers le 16.IV.1945, cliché 719. BergenBelsen.co.uk, consulté le 15.I.2020. http://www.bergenbelsen.co.uk/pages/Database/SurvivorsPhotos.asp?index=28
Figure 2.9
« Femmes entassées dans l’un des blocks [à Bergen-Belsen] », photographie, vers le 15.IV.1945, cliché 1450. (Mark Liddel)BergenBelsen.co.uk, consulté le 15.I.2020. http://www.bergenbelsen.co.uk/pages/Database/SurvivorsPhotos.asp?index=10
Figure 2.10
« Quelques-uns des enfants de diamantaires survivants [à Bergen-Belsen] », photographie, vers le 17.IV.1945, cliché 931. (Imperial War Museum (BU 4111)) BergenBelsen.co.uk, consulté le 15.I.2020. http://www.bergenbelsen.co.uk/pages/Database/SurvivorsPhotos.asp?index=109

Cependant, les vainqueurs montrèrent avant tout des photos de charniers (cf. figure 2.11). Cette présentation biaisée permit de prétendre que les “nazis” auraient volontairement organisé le camps pour qu’ils soient des usines de mort. Fin avril 1945, la propagande était bien assise.

Figure 2.11
« Des victimes de la bestialité nazie attendent d’être enterrées au camp de Belsen », photographie, Detroit Free Press, 29.IV.1945, p. 12
Figure 2.12
« Le dossier s’alourdit », St. Louis Post-Dispatch, 29.IV.1945, p. 5.

Cachant les conséquences de la stratégie alliée de bombardement et taisant l’état catastrophique de l’Allemagne, elle portait toute la responsabilité sur les “nazis”. Témoin cet page du St. Louis Post-Dispatch du 29 avril 1945, reproduite en figure 2.12. Le texte central déclarait : 

Alors que les forces alliés, dans leur avance rapides, s’emparaient des “camps de la morts” les uns après les autres, il devint effroyablement clair que la patrie nazie avait été le théâtre de saturnales de la cruauté, allant de l’affamement systématique des prisonniers de guerres, américains et autres, au meurtre de masse délibéré des travailleurs esclaves et des prisonniers politiques24.

Le message était clair : puisque, partout, les mêmes spectacles ont été découvert, c’est la preuve qu’ils résultaient d’ordres venus de hauts, d’ordres dictés par l’idéologie nazie. Les camps furent bien ces usines de morts et ces antres de l’horreur décrits par les Soviétiques. Ce même 29 avril 1945, alors que le Reich était sur le point de capituler, le Detroit Free Press publia un article d’une page intitulé : « Voici l’ennemi25 » (cf. figure 2.13). On y retrouvait les piliers de la propagande alliée : 

  1. les photos de victimes du typhus présentés comme des victimes de la « barbarie nazie » ; 
  2. les ragots dignes de films d’épouvante : par exemple la lampe faite avec les os et de la peau tannée d’un prisonnier (on sait aujourd’hui que c’était un bobard) ; 
  3. l’inflation dans les estimations : 5 millions de Juifs tués à Auschwitz, plus de 8 millions dans tous les camps ;
  4. une photo d’un four crématoire tel qu’il y en avait dans la majorité des camp ; 
  5. un article sur une camp du Limbourg qui véhiculaient les racontars du moment. L’auteur prétendait que 1 500 prisonniers y auraient péri gazés, 5 000 autres ayant été tués par injection. « Une horrible orgie doublée d’une beuverie fut organisée pour fêter le 10 000e mort26 », à laquelle se joignirent « des invités spéciaux de Berlin ». 
Figure 2.13
« Voici l’ennemi ! », Detroit Free Press, 29.IV.1945, p. 13.
Aujourd’hui encore

Certes, depuis 1945, cette propagande a perdu en intensité. Toutefois, dans son livre The Holocauste : a new history paru en 201727, le chercheur britannique Lawrence Rees recourt au même stratagème : après avoir placé, sur la page de gauche, deux photographies des grands crématoires d’Auschwitz, il met, sur la page de droite, une fosse commune remplie de cadavres de typhiques, photographiée en 1945 à Bergen-Belsen28. Le message est toujours le même : les camps étaient conçus pour être des usines de mort.