- Que faites-vous des tas de cheveux, de prothèses, de valises visibles au musée d’Auschwitz?
- Que faites-vous des photos de chambres à gaz montrées dans les livres?
- Et les chambres à gaz que l’on peut voir à Auschwitz?
- Et les photos de la résistance polonaise?
La réponse en vidéo
Texte de la réponse
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Au Musée Auschwitz, ainsi, le block 5 présente ce que les historiens appellent les «preuves matérielles des crimes » : vous pouvez y voir un tas de lunettes, des châles de prière, des prothèses, des valises, de la vaisselle en émail, des habits et des affaires d’enfants, des chaussures… En voyage pédagogique à Auschwitz, une collégienne lyonnaise déclare :
J’ [ne] savais pas que les chambres à gaz, ça avait fait tant de morts. En faite, i’ y a plein de choses qu’on [ne] savait pas avant de venir et on [ne] s’attendait pas à en voir autant et vraiment c’est choquant et… on a vu l’horreur en personne aujourd’hui.1
Ce lycéen du Nord ajoute:
Ça faisait aussi un peu peur parce que euh… on voyait qu’[il] y avait vraiment beaucoup beaucoup de monde. [Il] y avait une grande allée remplie de chaussures. On se dit qu’[il] y a eu vraiment un… une grosse boucherie, on pourrait appeler ça une boucherie…2
Que faites-vous des preuves matérielles ?
À Auschwitz, une paire de chaussures est-elle la preuve de l’assassinat d’un Juif?
Cependant, ni l’un ni l’autre ne s’interroge : d’un côté, on nous dit que les Allemands effacèrent minutieusement toutes les traces du meurtre de masse, allant jusqu’à démonter les fours avant de dynamiter les crématoires ; et de l’autre on nous dit qu’ils abandonnèrent ces monceaux d’objets qui seraient des preuves. C’est totalement contradictoire et cela devrait les amener à se poser cette question : ces objets sont-ils des preuves incontestables qu’à Birkenau, les déportés inaptes au travail auraient étaient gazés ? La réponse se trouve dans l’imposant ouvrage en cinq tomes Auschwitz, 1940-1945 : central issues in the history of the camp, publié par le Musée national Auschwitz-Birkenau : dans le deuxième tome, consacré à la vie des prisonniers du camp, il est indiqué que:
Argent, vêtements, chaussures et effets personnels de moindre valeur des Juifs admis au camp […] étaient stocker dans les entrepôts du camp et traités de la même façon que ceux des de la plupart des prisonniers non-juifs. 3
Les juifs internés au camp d’Auschwitz n’étaient autorisés qu’à en conserver le minimum ; le reste de leur bagage était saisi puis transporté par camion jusqu’au secteur appelé « Canada ». Voilà pourquoi leurs affaires saisi et entreposées ne constituent pas une preuve d’un quelconque assassinat. La guide du musée d’Auschwitz trompe donc les visiteurs lorsqu’elle explique:
Quarante mille paires de chaussures, c’est comme assassiner quarante mille personnes. Alors, ces chaussures représentent cinq jours de ce génocide. Cinq jours…4
Les tas de cheveux visibles à Auschwitz
La tromperie la plus flagrante concerne les cheveux. dont sept tonnes furent retrouvées à la libération du camp. Ils proviendraient de femmes et de filles gazées:
Un peu plus loin, dans une pièce, les lycéens découvrent una amas de cheveux : les cheveux des fillettes et des femmes exécutées dans le camp. La gorge nouée, Lisa n’arrive plus à bouger : « On leur a enlevé… ’fin… Les femmes, les cheveux, c’est le… la chose… l’une des choses les plus importantes qu’on leur a enlevé… leur identité. Et [il] y [en] a une quantité tellement énorme. » 5

Bernhardt Walter/Ernst Hofmann, « Des femmes juives de Ruthénie subcarpathique qui ont été selectionnées pour les travaux forcés à Auschwitz-Birkenau, marchent vers leur baraquement après avoir été désinfectées et tondues », photographie, mai 1944 (United States Holocaust Memorial Museum, avec l’aimable autoristion de Yad Vashem). United States Holocaust Memorial Museum, consulté le 8.VIII.2020. https://collections.ushmm.org/search/catalog/pa8605
Toutefois, quand on sait que les femmes et les hommes admis au camp étaient tondus, qu’environ 400 000 personnes entrèrent à Auschwitz6 et qu’une une chevelure pèse en moyenne 100 grammes7, alors un rapide calcul montre que 40 tonnes de cheveux purent être récupérés. En conséquence, cet amas capillaire n’est pas la preuve d’un massacre systématique, mais seulement la preuve qu’en pleine guerre, soumis depuis des mois au blocus britannique8, les Allemands récupérait tout. Ils n’étaient pas la seule : en France, depuis 1943, la loi interdisait de détruire les « déchets ou vieilles matières9 », car elles étaient récupérées. Ce recyclage généralisé est si évident que la même guide d’Auschwitz en parle : « Un kilo[gramme] de cheveux coûtait entre 30 et 50 pfennig. C’était revendu a des sociétés qui les transformaient en matelas, couvertures… 10 »
Certes, dans l’esprit de nos contemporains, faire des chaussons avec cheveux peut choquer. Cependant à l’époque, c’était banal : en France, ainsi, les cheveux étaient recyclés pour produire, entre autres, « des pull-overs, des gants, pantoufles […] étoffes d’ammeublement, de tentures, de tapis…11 » Depuis mars 1942, ils étaient récupérés chez les coiffeurs des villes de plus de 10 000 habitants, acheminés vers la filature de Condé-sur-Noireau, dans le Calvados, où chaque mois, 200 tonnes de cheveux arrivaient de la France entière12. En 1943, le mensuel Le Pont consacra un reportage photographique au recyclage des cheveux et à leur transformation en pantoufles13. Dans cette affaire, certains guides du musée d’Auschwitz profitent donc de l’ignorance des gens pour les tromper.

Henri de Weindel, « À la manière de Vénus Aphrodite, vêtez-vous de vos cheveux… ou des cheveux des autres », article et photographie, Le Petit Parisien, 23.V.1942, p. 1
La salle de douche du bâtiment BW 5
À Auschwitz, la tromperie est très facile. Ce professeur, par exemple, explique aux élèves:
« Dites-vous que vous aurez passé ici plus de temps que la majorité des déportés qui sont arrivés ici. » Car une fois passé la porte de la mort, seul un quart des déportés entrés véritablement dans le camp. « Entrer dans le camp, pour un déporté, c’[n’]est pas franchir le portail avec tous les autres arrivants du convoi ; c’est être du bon côté du doigt. Ceux qui ne sont pas entré dans le camp sont partis de ce côté ou derrière nous : on les a conduits dans une salle de déshabillage, dans une douche, une douche où l’eau ne coulait pas. »14
Je pourrais aisément prétendre “démontrer” ces propos à l’aide du plan d’époque reproduit en figure 1.3. Les Juifs arrivaient sur la Judenrampe et ceux que l’on sélectionnait pour la chambre à gaz étaient conduits vers l’un deux bâtiments B.W.5. Ils entraient d’abord dans le vestiaire (salle représentée à gauche). Une fois déshabillées, les victimes passaient dans cette salle de douche (salle en bas, au milieu). Le gaz était produit dans cette pièce appelée : « gaskammer », en français, « chambre à gaz » (salle en haut, au milieu). Un système de tuyauterie amenait le gaz jusqu’au douches à partir desquelles il se répandait dans le local de mort. Une fois les victimes asphyxiées, leurs corps étaient entreposés dans la (salle représentée à droite), qui était utilisée comme morgue temporaire. Puis des camions les conduisaient vers l’un des quatre grands crématoires, situés non loin.

Ce plan représente les installations BW 5b du camp d’Auschwitz-Birkenau.
Référence : « Alimentation en eau et drainage dans le bâtiment d’épouillage du camp de prisionniers de guerre », plan, 9.V.1942, négatif n° 20995/477 (Musée national Auschwitz-Birkenau) tiré de Auschwitz : technique and operation de Pressac, p. 56.
Cette explication convaincrait tout le monde, car la mention « gaskammer » serait vue comme une preuve définitive. Toutefois, elle est entièrement fausse ; ce bâtiment servaient à l’hygiène : les déportés entraient du côté sale (comme l’indique la mention « Unreine Seite » sur le plan, salle de gauche) où ils se déshabillaient. Puis ils recevaient une douche (salle en bas, au milieu), pendant que leurs habits étaient traités dans la « chambre à gaz » de désinfection (salleen haut, au milieu). Enfin, ils ressortaient côté propre (comme l’indique la mention « Reine Seite » sur le plan, salle représentée à droite) pour se rhabillaient. Les indications portées sur ce plan étaient donc conformes à la destination réelle du bâtiment, qui n’était d’ailleurs pas le seul bâtiment destiné à l’hygiène : le Sauna Central du camp d’Auschwitz-Birkenau était lui aussi une vaste installation prévue pour assurer l’hygiène des déportés.
Voilà pourquoi il est bon parfois de ; se méfier : dans une structure aussi complexe que Birkenau, la tromperie est facile.
Par définition, des camouflages sont conçus de façon à être indétectables. Pour les découvrir, ils est bien souvent nécessaire d’étudier le dossier, ce qui implique d’écouter attentivement les deux parties. Écouter attentivement les deux parties : voilà ce que vous n’avez probablement pas fait, sans quoi vous n’invoqueriez pas les « faits établis » par les « photos ». En effet, il n’existe aucune photo d’époque qui montrerait une “chambre à gaz homicide” allemande.